Qui délivre le LEI ?

Cet article présente le LEI (Legal Entity Identifier), c’est un code utilisé pour identifier sans ambiguïté les entités juridiques qui négocient sur les marchés financiers mondiaux. Le LEI permet aux autorités de réglementation et de surveillance, ainsi qu’aux membres des marchés financiers, de réduire le risque global associé aux transactions financières, éliminant ainsi une source importante d’incertitude. Il s’agit du premier article, d’une série de trois, consacré aux données rendues publiques par les régulateurs ou les autorités de surveillance des marchés financiers. Les articles suivants porteront sur les données de référence relatives aux instruments financiers, suivis des calculs de liquidité et de transparence effectués par le régulateur européen.

Une brève histoire du LEI

New York, le 15 septembre 2008 : Lehman Brothers Holdings Inc., et Lehman Brothers International (Europe) se déclarent en faillite. Mais la filiale de courtage Lehman Brothers Inc., ainsi que des entités tels que Lehman Neuberger Berman et Lehman Global Alpha Funds — les trois membres des chambres de compensation de la DTCC — ne sont pas inclus dans cette faillite. De plus, sachant que la nébuleuse de Lehman comprend plus de 7 000 personnes morales dans 40 pays, et que « Lehman » fait partie de vos contreparties, quelle est votre exposition à cette faillite ?

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En 2008, beaucoup de gens ont eu du mal à trouver la réponse à cette question, à déterminer — le commerce par commerce — si leur homologue faisait défaut ou non. Afin d’éviter qu’une telle situation ne se reproduise et dans l’intérêt d’une meilleure gestion du risque systémique, le sommet du G20 à Los Cabos en 2011 a mandaté le Conseil de stabilité financière ( CSF ) d’apporter une solution globale à ce problème. Le CSF a mis en place une organisation et une gouvernance mondiale (voir ci-dessous). Et dès 2012, les règlements Dodd-Frank aux États-Unis, et EMIR en Europe, ont été les premiers à exigent l’utilisation du LEI pour l’identification des contreparties dans les transactions financièresEn 2014, la MIFID II a étendu cette exigence à presque tous les instruments financiers destinés à la déclaration des transactions (art. 26 de la MiFIR et RTS 22), généralisant ainsi l’utilisation du LEI. Ces règlements étaient de portée limitée, dans la mesure où ils ne traitaient que des swaps et des dérivés. . Le graphique ci-dessous montre également à quel point le rythme d’adoption du LEI s’est accéléré à l’approche de la date limite du MIFID II :

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Entre octobre 2017 et mars 2018, l’INSEE enregistre plusieurs milliers de nouveaux codes par mois. Depuis lors, le rythme est tombé à quelques centaines de codes par mois. Et au 8 octobre 2018, l’ INSEE dispose de 62 828 codes LEI, qui représentent autant d’entreprises impliquées dans au moins une transaction financière. À l’échelle mondiale, plus de 1,2 million d’entités ont LEI. En 2018, nous avons mis en place un système qui nous permet de répondre sans ambiguïté à la question « qui sont les contreparties à cette transaction ? , grâce à l’utilisation généralisée du LEI. Comment fonctionne ce système et qu’est-ce qu’il apporte concrètement ? Tel est l’objet des paragraphes suivants.

Gouvernance

La gouvernance globale du LEI est confiée à plusieurs entités aux niveaux central, national et mondial.

Comité de surveillance réglementaire

Le Comité de surveillance réglementaire (ROC ) a été créé en 2012 pour mettre en œuvre et superviser le Système mondial de LEI (GLEIS). Sa mission, définie dans sa Charte du 5 novembre 2012, est de représenter et de défendre l’intérêt général, au sens le plus large, en garantissant, entre autres :

  • accès gratuit et gratuit aux données GLEIS, qui doivent être du domaine public, sans restrictions commerciales ou de propriété intellectuelle.
  • libre accès à l’obtention d’un LEI, avec des coûts éventuels qui ne doivent être utilisés que pour couvrir les coûts d’exploitation du système (généralement quelques dizaines d’euros en France).
  • la possibilité d’utiliser les langues et les jeux de caractères de chaque pays pour l’enregistrement du LEI.
  • qu’ aucune entité intervenant dans la GLEIS ne pourra exploiter son rôle dans le système d’une manière contraire à l’intérêt public.

Pour souligner le premier point, il est remarquable de constater que l’OCR a revendiqué à maintes reprises les principes de l’open source. Dans un document de 2013 adressé aux émetteurs de LEI, par exemple, il est écrit à la page 16 : «  Le LEI est un bien public. Les logiciels et autres éléments critiques doivent être définis et mis à la disposition du public, sans aucune restriction, que ce soit sous licence, propriété intellectuelle ou autre, conformément à la avec des principes open source . Les données et métadonnées désignées par le ROC sont disponibles gratuitement pour les utilisateurs et sans restriction quant aux droits d’utilisation et de redistribution ».

Fondation mondiale des LEI

En juin 2014, la Global LEI Foundation (GLEIF), association à but non lucratif de droit suisse, a été créée par le FSB pour être la branche opérationnelle de la GLEIS. La fondation définit et maintient les normes techniques et opérationnelles du système et émet des approbations aux entités souhaitant devenir LOU (voir ci-dessous). Elle met à disposition sur son site Internet (https://www.gleif.org/fr/) une base de données centralisée de Lei et des données associées, ainsi qu’un moteur de recherche. Le site Web de la GLEIF comprend des rapports sur la qualité des données, la liste officielle des Lous reconnus et diverses statistiques de Lei, telles qu’un graphique montrant la proportion de LEI attribués par pays :

Conformément aux principes Open Source de la Charte OCR, toutes les données disponibles sur le site Internet de la Fondation sont fournies sous licence Creative Commons Zero, c’est-à-dire dans le domaine public, sans droits d’auteur associés.

Unité opérationnelle locale

Les codes LEI sont finalement attribués par les organismes des unités opérationnelles locales ( LOULe rôle de LOU peut être détenu par toutes sortes d’entités, au choix de chaque pays : entité publique ou privée, bourse (LSE au Royaume-Uni ),banque centrale (Argentine), dépositaires, chambre de commerce (Pays-Bas) . Pour la France, l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques) est la LOU, et les États-Unis, c’est le DTCC ou même… Bloomberg Finance LP. ), généralement un par pays, et approuvés par la GLEIF. La LOU propose des mesures concrètes pour permettre à une entité de demander son LEI. Et, il est responsable de la vérification des données fournies par l’entité requérante.

Où puis-je trouver les données pour la France ?

L’ accès aux données du LEI français se fait via le site web de l’INSEE à l’adresse https://lei-france.insee.fr/index. Le site permet la recherche de LEI à partir du nom de la société, la gestion de son LEI (renouvellement, etc.), et le téléchargement de toutes les données (voir § X.X ci-dessous).

Qu’ est-ce qu’un LEI, concrètement ?

Le code LEI

Le LEI est un code composé de 20 caractères alphanumériques, dont la structure, définie par la norme ISO 17442 , est décrite ci-dessous :

Les 4 premiers chiffres du code identifient la LU qui l’a assignée, reconnaît 9695 ici comme code INSEE . Chaque LOU a son code LEI , qui lui permet d’être identifié comme gestionnaire de LOU, dans les données de référence des entités relevant de sa juridiction, mais aussi comme « Origine » des données, dans des fichiers XML (ci-dessous).

Données de référence

La norme ISO 17442 définit également les attributs, ou données de référence, qui doivent être associés à un code pour décrire l’entité en question. Ces données peuvent être consultées sur le site internet de la GLEIF ou sur le site de l’INSEE pour la France. Ces données sont représentées en XML, avec la grammaire correspondante décrite par un schéma XSD, afin de faciliter leur traitement automatisé. Il existe 3 types de données :

  • Identification des entités (carte de visite), répond à la question « qui est qui », également appelée données de niveau 1
  • Relations entre entités, répond à la question « qui est une filiale de qui », également appelé données de niveau 2
  • Exceptions aux rapports

LEI-France-CF1.xSD et Lei-France-CF2.xSD ) et une partie spécifique à chaque pays ou juridiction (qui se trouve dans Les données de niveau 2 ont commencé à être recueillies en mai 2017. Ils ont été ajoutés, pour toutes les entités enregistrées à la date, lorsque le renouvellement annuel obligatoire du code LEI a été renouvelé. Il en résulte une description fiable et sans ambiguïté des relations entre les entités du même groupe ou société holding. C’est précisément cette description qui manquait lors de la faillite de Lehmann Brothers. Pour l’identification des entités, la grammaire distingue une partie commune (qui se trouve dans les fichiers LEI-France-CF1-ext.xSD ), chacune avec un l’espace de noms XML associé. Ce mécanisme d’extension permet de tenir compte des spécificités nationales, et en particulier de faire référence à l’identification de l’entité dans les activités nationales ainsi qu’à la classification nationale des activités. Enfin, il convient de noter que le LEI fait l’objet d’un renouvellement annuel obligatoire, ce qui oblige les entités déclarantes à s’assurer que leurs données demeurent exactes et à jour.

Un exemple de XML

Voici un exemple des données XML brutes qui peuvent être trouvées dans les fichiers INSEE :

LEI, suivi d’une série d’informations sur Tout d’abord, nous voyons le champ l’entité, en particulier son adresse, et sa forme juridique. Ensuite, l’enregistrement contient des informations sur le statut de cette entité par rapport au système. L’ élément Extension introduit des informations spécifiques à la juridiction française, à savoir le code Sirene (316 037 753) et le code d’activité selon les nomenclaturesNAF Il s’agit ici de veiller à ce que les informations soient à jour, et en particulier à ce que le renouvellement annuel ait été effectué. etNACE. Cette entité a reçu son LEI le 27/9/2012 et est toujours active, ce qui peut être vérifié, par exemple, en interrogeant InfoGregffe (https://www.infogreffe.fr) avec le code Sirene. Cette section transversale des informations déclarées auprès des dépôts nationaux est essentielle, c’est l’une des obligations de la LOU vis-à-vis de la GLEIF, dans la mesure où la GLEIF répertorie sur son site internet, pays par pays, les autorités de référence pour l’enregistrement des sociétés (en France Sirene, Info Registry, AMF) .

Transformation dans Excel

Les derniers fichiers XML INSEE sont d’environ 200 Mo, avec plus de 3 millions de lignes, ils ne sont pas faits pour une visualisation facile telle qu’elle est. Une des premières transformations qui peuvent être faites est de convertir ce XML en Excel, pour une vue plus synthétique, ici 6 colonnes sur 44

et une dizaine de lignes sur un total de dizaines de milliers.

Utilisation en MIFID II

RTS 22 de l’AEMF, qui était la proposition de normes techniques pour la déclaration quotidienne des transactions financières, a été adopté par l’Union européenne en tant que règlement délégué (UE) 2017/590 Le . Cela stipule que les entreprises d’investissement doivent obtenir leur LEI de leurs clients avant toute transaction qui entraînerait une obligation de déclaration. En termes simples, il est interdit de traiter avec un client dont le LEI n’est pas disponible. La réglementation rend clairement l’entreprise d’investissement responsable en cas de déclaration de transaction sans LEI de la contrepartie.

Constatation

Identifiant unique de toutes les parties prenantes dans les transactions financières, et géré comme un bien public par supranational , le LEI représente un début de gouvernance mondiale du monde de la finance, selon les principes open source. En même temps, il répond à un problème épineux et récurrent dans les projets informatiques autour du trading, qui est celui du référentiel de contrepartie. Enfin, dans l’article suivant de cette série, le LEI apparaît également dans les données de référence de certains instruments financiers, publiées par l’AEMF, comme identifiant exact de l’émetteur de l’instrument.